Il y a cinq ans, j’ai commencé à écrire une newsletter : Boss with Me. L’idée ? Partager avec vous mon quotidien de cheffe d’entreprise, les coulisses de la création d’une collection, mes réussites… et mes moins grandes victoires. Et puis, en plein vol, j’ai arrêté.
Fauchée par un chagrin d’amour et un chagrin de business dans la même semaine. Mon ex me largue. Mon directeur général aussi. Janvier 2020. À ce moment-là, j’ai décidé de ne pas écrire la newsletter de la semaine. J’allais sûrement dire des choses que j’aurais regrettées. Rétrospectivement, c’était une bonne idée. J’étais KO pendant quelques semaines et… devinez quoi ? On a été confinés.
Je pourrais écrire une newsletter entière sur 2020, mais, à ma grande fierté, on a survécu. Make My Lemonade est toujours là. Moi aussi.
J’ai tellement bien survécu que j’ai terminé 2020 avec un bébé dans le creux du ventre. Ma vie, vraiment… Et en prime, Make My Lemonade est rentable pour la première fois, avec un chiffre d’affaires de 2,7 M€.
Les montagnes russes de l’entrepreneuriat et de la maternité
Juillet 2021, Suzanne débarque. Congé mat express, avec en supplément une petite dépression du post-partum, ou bien un PMS carabiné. Chaque mois, je vis une descente aux enfers (on y reviendra).
À ce moment-là, je sens que je vais exploser. Je fais trop de choses. Il me faut de l’aide à la direction générale. Juillet 2022, Inès arrive. Big bang. À peine remise de ma première année avec Suze, j’annonce à Inès que j’ai un nouveau bébé en préparation. Elle aussi est enceinte. La vie, vraiment. On a six mois pour caler notre duo avant nos congés mat – nos dates de terme sont à un mois d’écart. Nickel. Rétrospectivement, je crois que j’ai rigolé nerveusement.
Mais Inès est une machine de guerre. On trouve vite notre rythme et, fin 2022, la boîte grandit encore avec un CA de 5 M€.
Côté créatif, je suis libre. Avec Inès, je peux partager le « fardeau » de l’entrepreneuriat. Ça me libère l’esprit et ça se sent : les shootings sont plus fous. Un de mes préférés, d’ailleurs, c’est Flower Market, une mini-rue d’un sud de la France fantasmé ! Imaginer des histoires à travers des vêtements et des shootings photo ne m’a jamais autant rendue heureuse. Et donner du pouvoir à travers ces vêtements et ces images est vraiment la raison pour laquelle je vais au bureau.
Cela m’est apparu aussi clair que ça : c’est ma mission. Et c’est dans celle-là que je suis bonne, pas en survolant mille sujets que je ne maîtrise pas.
Assez vite, je m’arrête pour accueillir mon fils, Lazare.
Accouchement traumatique. Connexion compliquée avec ce petit garçon. Je reprends doucement, mais il enchaîne les maladies galères : RGO, bronchiolites… Pour finir en beauté avec une nuit aux urgences pour une pyélonéphrite à cinq mois.
Ce soir-là, je suis devenue sa mère.
La maternité et l’entrepreneuriat, c’est une sacrée aventure. Raide aussi. Mais on en reparlera (je vous tease).
Septembre 2023 : retrouver ma place
Ma vraie rentrée, sans enfant en pin’s à mon sein. Et là, je galère. Moi qui ai toujours fonctionné à l’intuition et à l’arrache, je me retrouve à devoir valider des budgets et des rétroplannings. Rien d’anormal pour une boîte, mais il faut que je me réadapte. Surtout que 2023 se termine sur un CA de 6,6 M€.
2024, c’est l’année du test. La première où Inès et moi sommes à 100 % de nos moyens. Enfin, si dormir six heures par nuit ne m’a pas grillé trop de neurones.
Et puis, gros tournant : Simoné, mon acolyte de toujours, quitte Make My Lemonade après neuf ans. Ce matin-là, on verse nos larmes dans nos cafés. Et là, je réalise : ce n’est plus une boîte de copains. Une nouvelle ère commence.
La renaissance
J’ai tellement d’ambition pour ce projet. Mais je me rends compte d’un truc : je suis le facteur limitant de Make My Lemonade.
J’ai besoin d’aide pour la création. J’ai besoin de structurer mon quotidien. Alors Edith nous rejoint. Et là… big bang numéro 2.
Avec elle, j’ai une vraie discussion créative. On travaille ensemble depuis quelque temps, elle peut finir mes phrases. On s’est rencontrées il y a cinq ans, au moment où les hommes se barraient. Elle arrivait : deux hommes de perdus, une Edith de gagnée. Meilleur échange d’énergie.
Je n’ai pas besoin de répéter les choses, c’est une continuité créative. D’un coup, j’ai une discussion créative fluide avec une équipe en or. J’ai une équipe à la création. J’ai enfin ce ping-pong créatif dont je rêvais.
La collection La Ragazza en est le premier fruit, et j’en suis tellement fière.
Cette année-là, on s’envole pour New York. Un pop-up avec notre collection dans la boutique Veja. Notre deuxième collab avec eux. Tout dans cette phrase est dingue. Et Make My Lemonade boucle 2024 à 8 M€.
Je ne ferai pas d’aparté personnelle sur cette année, mais 2024 a été un long chemin, une entrée fracassante dans l’âge adulte. Je garde ces événements pour moi.
Attendez, mais 8 M€, c’est fou quand même
…pour un projet né sur le coin d’une table en bois, par une meuf malheureuse dans son travail.
Mais au fond, ce ne sont pas les chiffres qui me nourrissent.
Ce qui me nourrit, si je suis complètement honnête, c’est de voir jusqu’où mes idées et mes histoires peuvent aller. Quelle résonance Make My Lemonade peut avoir dans le paysage et le marché français, sans trahir mes valeurs et mes convictions.
Prouver qu’on peut grandir autrement, sans écraser tout sur son passage.
Bref, je m’emballe !
Je vais en garder sous le coude pour la prochaine, mais pourquoi je vous raconte tout ça ?
Parce que la vie m’a tenue en haleine, et je n’ai jamais réussi à prendre deux heures par semaine pour vous raconter ce roller coaster – et puis, je manquais de recul, je pense.
Parce que j’ai traversé des moments où j’ai douté de ma légitimité à vous parler. Où j’ai cru que ceux qui parlaient plus fort que moi avaient raison.
Parce que cinq ans de silence, c’est long et court à la fois.
Pendant ce temps, ma boîte est devenue un papillon. Make My Lemonade a changé de visage. Et moi, j’ai fabriqué deux petites personnes, je suis prête à partager à nouveau.
Revenir, c’est fait. Maintenant, il est temps de se replonger dans les souvenirs.
Ces dernières années, j’ai réalisé un truc essentiel : pour créer, il me faut de l’espace. Du temps, un rituel, une fenêtre libre dans l’agenda. Une chambre à soi, au sens propre comme au figuré. C’est ça qui me permet de rêver plus grand, de voir plus loin.
Mais comment faire quand on est happée par le quotidien, quand on court après le temps ? Je vous raconte ça la semaine prochaine : comment j’ai appris à ritualiser la création, à structurer mon chaos… et pourquoi c’est en train de tout changer, encore !
OMG je ne vais pas pouvoir attendre la semaine prochaine. Tu es de next Carry Bradshaw !! Tout ce que tu dis déjà est fou 🙌🏼 Mon BRAVO est 8M de fois trop petit. 👏👏👏
C'est bon de te lire ! Ta créativité est sans limite et ton univers est superbe, on monte à bord sans réserve ♥️